En 2017 Andrea Orlando a fait le bonheur de plusieurs amateurs de rock progressif italien ( et de rock progressif tout court!) en lançant son tout premier album intitulé «Dalla vita autentica». Un album qui a figuré dans le Top Ten des meilleurs albums italiens de l’année. Nouvelle qui va en ravir plus, le batteur nous raconte en entrevue qu’il travaille depuis plusieurs mois sur le successeur de «Dalla vita..»… et qu’il a aussi contribué au nouvel album de Finisterre tout comme à celui de La Coscienza di Zeno! Entrevue avec le sympathique batteur italien!
T.I. : Avez-vous profité des périodes de confinements pour composer votre second album solo?
A.O. : Oui j’ai beaucoup écrit durant les périodes de confinement. Je crois que du point de vue de l’écriture 2020 et 2021 ont été les années les plus intenses de ma carrière musicale. Comme tout le monde j’ai été obligé de rester à la maison pendant une longue période et cela m’a permis d’être dans de bonnes dispositions pour l’écriture. J’ai composé presque toutes les pièces de mon second album solo et quelques-unes pour le prochain album de La Coscienza di Zeno et aussi de Finisterre. J’ai aussi profité de cette opportunité pour approfondir mes connaissances dans l’utilisation de programmes pour la production musicale. Un domaine qui m’a toujours intéressé. Et puis j’ai aussi continué l’étude de la batterie jazz. Ce que j’avais entrepris en 2019. Pour faire court, malgré les problèmes qu’a entraîné la pandémie, je pense ici à la nécessité de cesser toutes activités extérieures, cette période a été très productive et gratifiante pour mes activités musicales.
T.I. : Ah! Donc vous travaillez aussi sur un nouvel album de Finisterre et de La Coscienza di Zeno!!
A.O. : Tout à fait! En ce qui concerne Finisterre nous avons déjà du matériel et nous avons besoin de trouver du temps pour nous rencontrer et travailler sur ce matériel. Généralement lorsque nous nous rencontrons certains d’entre nous apportent quelques idées et nous partons de cela pour développer une chanson, en ne sachant pas exactement quelle direction elle va prendre car nous avons des préférences et des goûts très différents. Et c’est ce qui rend le travail de composition et d’arrangement si intéressant. C’est étrange mais lorsque nous jouons ensemble nos différents bagages respectifs se marient pour créer un son particulier et unique. C’est très gratifiant et ,musicalement, on peut dire que nous sommes faits l’un pour l’autre. Récemment nous avons travaillé sur de nouvelles pièces dans la splendide maison de campagne de Stefano Marelli. A cet endroit nous pouvons nous consacrer à la musique sans avoir de distractions et le tout dans un endroit bucolique entouré d’arbres et d’animaux!
T.I. : Est-ce que cette façon de travailler s’applique aussi pour La Coscienza di Zeno? Ou est-ce que la pandémie a changé quelque chose à votre façon de faire?
A.O. : Pour CDZ chaque membre arrive avec une ou des compositions. Et puis nous faisons une sélection ensemble. Puisque nous ne nous voyons pas très souvent à cause de nos multiples engagements chacun d’entre nous arrive avec des compositions suffisamment avancées . Nous travaillons ensemble pour raffiner les arrangements et souvent c’est Stefano Agnini qui écrit les paroles. Une bonne partie du travail a lieu en studio. Nous sommes chanceux de travailler avec des ingénieurs de son qui possèdent non seulement des aptitudes techniques mais qui sont aussi en mesure de nous apporter des idées stimulantes en ce qui concerne le son et les arrangements. Nous pensons qu’un ingénieur de son doit être en mesure de comprendre la musique qu’il enregistre ainsi que le potentiel d’un musicien . Ceci est, selon moi, une importante facette du travail en studio. En ce qui concerne la pandémie elle n’a rien changé à notre méthode de travail. A nos tous débuts nous nous rencontrions souvent et nous composions ensemble. Mais à partir du second album, par manque de temps, nous avons commencé à travailler individuellement sur les chansons. Nous nous rencontrons seulement pour définir la structure et une partie des arrangements. Le nouvel album n’est pas encore complété. Nous devons terminé les arrangements de quelques chansons et Stefano Agnini est à écrire les paroles. Je pense que ce nouvel album, de par les atmosphères et les arrangements, se rapproche de notre second album «Sensitività» , mais tout comme le troisième album «La notte anche di giorno» , on y retrouvera probablement une suite.
T.I. : De quelle façon procédez-vous pour la composition? Est-ce que vous travaillez avec les claviers ou la guitare?
A.O. : Lorsque je compose je me laisse guider par mon instinct. Règle générale, plusieurs idées de mélodies, d’harmonies, d’arrangements et de paroles surviennent dans les moments les plus inattendus. J’essaie alors de retenir l’idée en l’inscrivant dans une cahier de notes que je traîne toujours avec moi ou alors en l’enregistrant ma voix sur un smartphone. Plus tard je reprends ces idées et j’essaie de leur donner forme sur un clavier en simulant le son des instruments que ce soit la ligne de piano ou de claviers, de basse ou de tout autre instrument. A cette étape j’utilise le programme Logic Pro X que j’aime beaucoup. Je le trouve plus facile d’utilisation que Protools qu’utilise mon confrère Stefano de La Conscienza di Zeno. Il faut dire que je suis pas très à l’aise avec les ordinateurs! Puis je passe aux arrangements et je travaille sur la structure des pièces. Mais ces différentes étapes ne se déroulent pas dans une séquence rigide. Très souvent aussi lorsque je travaille sur une composition des idées me viennent en tête pour les arrangements et la structure ou vice-versa. Il arrive même que je passe d’une pièce à l’autre pour finalement revenir à la première pièce. Disons que c’est un processus non-linéaire et que je termine rarement une pièce pour en commencer une autre à ses tous débuts. Je pense que c’est dû à ma personnalité parce que je travaille aussi de cette façon dans d’autres sphères d’activités.
T.I. : Lorque vous composez une pièce avez-vous déjà une idée des musiciens qui vont participer à son enregistrement?
A.O. : Habituellement oui. En me basant sur le genre d’atmosphère que je veux créer je commence à réfléchir aux musiciens que je pourrais inviter pour cette pièce. Chaque musicien a son propre style et je pense que c’est vraiment important de recruter la bonne personne qui s’arrangera pour être dans le bon état d’esprit et qui peut parfois contribuer à la musique qu’il joue. Parfois on peut percevoir qu’un musicien n’est pas en accord avec la musique qu’il interprète et ceci à mon humble avis peut porter préjudice à la musique.
T.I. : Dans ce processus est-ce que vous cerner assez rapidement à qui sera destinée une nouvelle composition?
A.O. : Règle générale je ne commence pas à écrire en pensant qu’une chanson pourrait convenir à un groupe en particulier. Ce n’est seulement que lorsque la chanson prend forme que je peux déterminer si ce sera une chanson pour moi, pour La Coscienza di Zeno ou pour Finisterre. Si je composer quelque chose de plus expérimental je pense immédiatement à Finisterre tandis que si je constate que la chanson s’oriente vers le prog italien alors je sais que ce sera pour mon projet solo ou pour La Coscienza di Zeno. Mais quelques fois j’aime aussi penser différemment que de par le passé.
T.I. : Ce second album sera t-il dans la même veine musicale que «Dalla vita autentica»?
A.O. : En bonne partie oui. C’est un disque de rock progressif avec toutefois des influences de rock symphonique et aussi en partie de jazz rock. Ce sont les styles musicaux qui m’ont inspiré le plus dans ma vie et je pense que c’est naturel que des éléments émergent dans mon écriture. Il y aura des moments plus énergiques que pour le premier et je vais probablement donner plus de place à la guitare électrique. Pour deux ou trois pièces je pense utiliser des instruments à vent parce que je pense que leur sonorité convient spécifiquement à ces pièces. Le chant sera en italien tout comme pour Dalla..» Et le pochette sera très différente ...mais je n’en dis pas plus pour le moment!
T.I. : Êtes vous avancé dans l’élaboration de cet album?
A.O. : Je dirais que 90% de l’album est prêt. J’ai pratiquement terminé la composition et les arrangements. En ce moment je complète l’écriture des textes. Après cela je vais procéder au choix des musiciens. Ce ne sera pas facile et ce même si j’ai déjà une bonne idée.
T.I. : Vous avez convié plusieurs musiciens lors des séances d’enregistrement de «Dalla vita autentica», pensez-vous que ce sera aussi le cas pour votre second album?
A.O. : Je pense que oui. Le second album propose différentes suggestions et tout comme le premier album des moments lyriques coexistent avec des moments plus rythmiques, des arrangements symphoniques ainsi que des éléments près du jazz rock. Pour cette raison, comme je le disais tantôt, je vais faire appel à plusieurs musiciens qui, dans certains cas, ont oeuvré dans des contextes très différents. Je vais faire appel à quelques amis de la scène progressive de Gênes mais il me reste à les contacter. Je travaille dans une école et depuis deux ans j’ai une couple de musiciens de formation classique dans une de mes classes. Je les ai déjà entendu jouer en concert et ils m’ont grandement impressionné. Je leur ait demandé de jouer sur mon prochain disque et ils ont accepté avec plaisir. Je pense que ce sera très stimulant pour eux de jouer dans un style qui leur est pour ainsi dire inconnu. Et ce le sera aussi pour moi!
T.I. : Bonne idée d’inviter des étudiants! Une belle expérience pour eux!! Est-ce que vous enseignez la musique depuis longtemps?
A.O. : Non je ne suis pas un professeur de musique. Depuis plusieurs années j’enseigne l’Italien et le Latin dans une école scientifique de Gênes. Parfois j’organise des rencontres avec des étudiants pour parler du lien entre la littérature et la musique moderne et bien évidemment aussi avec le rock progressif! Je donne aussi des cours de batterie mais je n’ai seulement que quelques étudiants car je ne peux pas consacrer beaucoup de temps à cette activité. Je tente autant que possible de leur enseigner l’importance de la musique pour exprimer leur monde intérieur. C’est quelque chose en lequel je crois. J’aime vraiment enseigner parce que cela me donne l’opportunité de connaître les plus jeunes générations et de remettre en question mes croyances et ce même d’un point de vue musical. Souvent avec l’âge nos idées tendent à se radicaliser tandis que la relation avec de jeunes gens peut nous permettre de grandir encore en tant que professeur.