Angeli Mutanti

Si vous ne connaissez de REALE ACCADEMIA DI MUSICA que le joyau rutilant du RPI qu'était l'album éponyme de 1972... eh bien ici, à l'exception de Pericle Sponzilli (qui quitta le groupe dès la fin de l'enregistrement du 33 tours à l'époque) , on ne parle plus du tout du même monde. Outre Sponzilli (chant, guitares, parolier et compositeur principal), le groupe comprend désormais Fabio Liberatori (piano, claviers), Erika Savastani (chant), Andy Bertolucci (batterie) et Fabio Fraschini (basse), en plus des guitaristes invités Gianfranco Coletta, Nicola Di Staso et Fernando Fera.
Comptant 10 pièces – neuf chansons et un instrumental –, Angeli Mutanti, c'est 50 min 31 sec d'un carousel musical quelque peu éclectique et toujours très mélodieux. Les voix de Sponzilli et de la jeune Savastini se marient avec un rare bonheur et, à l'occasion, les airs flirtent sans aucun scrupule avec la pop élégante (« Angeli mutanti », « Alba », « Cosa nascondono le nuvole », « A dritta San Salvador », « Una sola immagine », « Io sono qui ») ou la ballade de charme (« Johnny e Adele », « The beat goes on [come la canzone] »). Ici, on n'égratigne jamais la mélodie : elle règne en maîtresse absolue. Cela dit, la musique présente une riche palette orchestrale et une clarté remarquable : la prise de son et le mixage sont exemplaires. Compte tenu du nombre de guitaristes présents sur l'album, on ne s'étonne pas de la place accordée aux solos, tous très mesurés et scintillants, tout en possédant des accents forts différents de l'un à l'autre : ici du jazz ou du blues, là du funk ou du rock classique d'une autre époque. Cela étant, les claviers de Liberatori ne sont pas dans l'ombre pour autant comme en témoignent « Alba », « Johnny e Adele » (dont l'ouverture et quelques passages sont de vibrants saluts à Keith Emerson) et « A dritta San Salvador » ; en outre, son jeu de piano n'est pas sans rappeler Rick Wakeman dans « Tempo », pièce qui porte admirablement bien son nom pendant la première minute et au milieu de la pièce où les claviers entrent dans la danse, épaulés par la guitare. Par contre, Bertolucci et Faschini jouent des rôles plus effacés, voire conventionnels.
Angeli Mutanti est un album d'une écoute fort agréable – je dirais même idéale pour une journée estivale de farniente au soleil –, mais dont l'aspect progressif relève plutôt de l'ornementation que de la raison d'être de la musique. Bref, on n'assiste pas à la renaissance triomphale d'un groupe de RPI d'antan quoique, entre autres, « Io sono qui » et « La pista e il miraggio » – l'instrumental de 7 min 5 sec – révèlent que la veine progressive profonde de Sponzilli n'est pas tarie... ce qui laisse espérer un éventuel album plus convaincant.
Liste des pièces
1. Angeli Mutanti (5:50)
2. Alba (4:44)
3. Johnny e Adele (4:42)
4. Cosa Nascondono le Nuvole (4:23)
5. The Beat Goes On (Come la Canzone) (3:19)
6. Tempo (5:46)
7. A Dritta San Salvador (4:39)
8. Una Sola Immagine (4:41) (CD Only)
9. Io Sono Qui (5:22)
10. La Pista e il Miraggio (7:05)