Navigli Riflessi

PROWLERS : né en 1985, mort en 1998, ressuscité en 2011. Troisième album depuis la réanimation du groupe, Navigli Riflessi est le fruit du travail de Roberto Aiolfi (basse), Alfio Costa (piano, claviers, échantillonnage), Marco Freddi (batterie, percussions), Laura Mombrini (chant, chœur), Stefano Piazzi (guitares), des invités Daniela Aglioni et Cristina Lucchini (chœur), et Vincenzo Zitello (flûte, violoncelles, alto, violon, cornemuses) et de deux chœurs, le Coro Adiemus dirigé par Flavio Ranica et le Voci Blanche della Schola Cantorum di Calcio, par Gianluigi Consolandi. À 70 min 57 sec, c'est un album généreux tandis que, lentement mais sûrement, la tendance actuelle s'aligne sur les durées plus courtes depuis le retour en vogue du vinyle. Le concept – voyage d'un vieillard à travers les vicissitudes du 20e siècle – se déploie en quatre étapes « Risveglio » (16:07), « Oscura Verità » (16:41), « Acqua lenta » (17:36) et « Riflessi » (20:42). Chaque épisode étant divisé en trois volets, l'album compte donc 10 chansons (de 4 à plus de 7 min) et deux instrumentaux (tous deux excédant 6 min).
PROWLERS nous sert du rock progressif symphonique à l'italienne d'une palette aux couleurs vives, qui puise tout autant dans le passé prestigieux (avec quelques révérences à PINK FLOYD, RENAISSANCE et YES notamment) que dans une modernité qui demeure toutefois à l'écart des excès. Il en résulte un tableau musical d'une nature particulière, moins traditionnelle qu'on pourrait s'y attendre – et, quoique cela soit audible dès la première écoute, c'est quelques auditions plus tard que j'ai compris la « manière spécifique » du groupe, une fois que le charme initial de l'album s'est quelque peu atténué pour laisser émerger ses traits caractéristiques. Navigli Riflessi offre peu de morceaux de bravoure ou de voltiges de virtuose : l'art du groupe s'exprime plutôt dans les climats élaborés en profondeur, voire opulents mais sans surcharge, dans la souplesse et le chatoiement des arrangements, dans les détails minutieusement ciselés des voix – trois chanteuses et deux chœurs livrant une richesse vocale manifeste – comme des mélodies, dont l'élégance est parfumée entre autres de musique classique, de folklore celtique et de l'héritage du RPI). Bien que ce soit les jeux partagés des guitares et des claviers qui dominent l'instrumentation, vents et cordes sont indispensables pour susciter ou tempérer les élans rythmiques, alanguir ou faire virevolter les airs.
En somme, Navigli Riflessi ne dépare du tout dans la production contemporaine du rock progressif italien. Soit, PROWLERS ne réinvente rien, mais ne déçoit pas non plus. Même si le groupe se risque peu hors des sentiers battus, il a le grand mérite de ne pas piétiner : il cultive avec passion et intelligence son talent musical.
Liste des pièces
« I - Risveglio »
a - « ... della terra... dell'acqua » (6:22)
b - « Risveglio » (5:17)
c - « Navigli I » (4:28)
« II - Oscura Verità »
a - « Il ricordo di un uomo » (4:45)
b - « Danzante oscura verità » (5:42)
c - « Navigli II » (6:14)
« III - Acqua lenta »
a - « Il ponte » (5:10)
b - « Acqua lenta » (5:58]
c - « Navigli III » (6:28)
« IV - Riflessi »
a - « Riflessi » (7:34)
b - « L'ultimo filo d'erba » (5:36)
c - « Navigli IV » (7:32)