Amoureux des années 70 et plus précisément des années 1965-1975 les musiciens de la formation norvégienne Professor Tip Top qui se produiront le 16 mai à Québec dans le cadre de la 16e édition du festival Terra Incognita, ne se gênent pas pour puiser leur inspiration à même cette période. Progressif, pop, rock psychédélique, folk... le guitariste et claviériste Sam Fossback, le bassiste Stein Hoegseth et le batteur Charles Wise, fusionnent toutes ces musique avec bonheur. À l'occasion Sam Fossback s'amuse même à parsemer leurs pièces de courtes citations de Yes, The Beatles, Pink Floyd ou Jimi Hendrix! Entrevue avec ce grand admirateur de Steve Hillage!
T.I.: Pouvez-vous nous résumer les débuts de Professor Tip Top. Je présume que vous avez tous joué au sein de diverses formations avant de former ce groupe.
Oui effectivement nous avons tous joué au sein de différentes formations et ce depuis les années 70. Nous avons présenté des concerts et enregistrés des albums tout autant de jazz, de prog que de folk. Svein Magnar Hansen et moi avons formé le groupe en 2010. Svein voulait faire un album et j'avais une série de pièces en réserve. Nous avons donc recruté quelques amis et enregistré notre premier album qui a pour titre «Are You Empirical». L'album a été réalisé par Hans Petter Gundersen. Nous avons présenté quelques concerts et nous n'avons jamais arrêté depuis. Tout comme «Are You Empirical?» notre second disque, «Aoum», est paru sur notre propre étiquette. Puis nous avons signé une entente avec Appolon Records pour le troisième qui a pour titre «Exobiology» ainsi que pour le plus récent «Life is No Matter».
T.I.: Je pense que, dernièrement, vous avez accueilli un nouveau membre au sein du groupe.
Oui tout à fait il s’agit de Sonja Otto. Elle est originaire d’Allemagne et c’est une professeure de piano professionnelle. Elle collaboré avec nous lors des séances d’enregistrement de nos deux premiers albums (n.d.l.r «Aoum» (2012) et «Are You Empirical?») et et elle a joué avec nous sur scène pendant quelques années. Nous sommes vraiment contents qu’elle soit de retour dans le groupe. C’est une incroyable chanteuse et claviériste. J’ai aussi joué avec elle dans d’autres contextes. Il y a quelques années nous avons participé à une pièce de l’album hommage à Pink Floyd qu’a monté le magazine Mojo.
T.I.: Musicalement, quels groupes vont inspirent?
En bonne partie des groupes de la période 1965-1975: Pink Floyd, Yes, Gong, Gentle Giant, ELP, Caravan, Pentangle, Strawbs, Le Orme, PFM, Tangerine Dream, Amon Düül, Jimi Hendrix, Vanilla Fudge, Moody Blues, The Beatles pour n'en nommer que quelques-uns!!
T.I.: Quelle est l'histoire derrière le nom du groupe? Y a-t-il une raison particulière de l'avoir choisi?
Tip Top c'est le nom d'une colle créée pour la réparation de pneus de bicyclette. Ce qui est moins connu c'est que cette colle peut engendrer des hallucinations cauchemardesques si elle est utilisée incorrectement. Sans une bonne ventilation les vapeurs sont toxiques. Ce nom a fait surface durant une conversation portant sur l'altération de l'esprit. Quelqu'un avait expérimenté les effets terribles de cette colle. Il s'était senti comme pris dans un énorme ballon et propulsé dans le cosmos tout en ayant l'impression de voyager dans le temps et de comprendre absolument tout. Comme un professeur cosmique! Et voilà de quelle façon est né le nom du groupe.
T.I.: Au fil de vos albums on retrouve des références au rock progressif, au rock psychédelique , au space rock et aussi au folk. Comment présenteriez-vous votre musique?
J'aime à penser que c'est du rock progressif auquel on intègre des influences psychédéliques.
T.I.: Est-ce que vous diriez que vos deux premiers albums sont dans la veine de vos deux plus récents?
Oui on peut dire qu'ils le sont bien que le saxophoniste américain Jon Irabagon ait joué sur plusieurs pièces des deux albums. Ce qui leur procure une certaine saveur jazzée.
T.I.: Parlez-nous de cette collaboration avec le saxophoniste américain Jon Irabagon.
C'est Hans Petter Gundersen qui a nous l'a présenté. Jon était en ville pour présenter quelques concerts. Nous l'avons invité en studio et il nous a livré d'incroyables solo de saxophone comme cela sur le vif! C'est un musicien incroyable. Et en plus il est tellement agréable et avec un bon sens de l'humour. Il peut jouer tout ce qui peut se jouer. Il nous a aussi rejoint pour le second album. Il y a quelques années nous avons présenté avec lui une couple de concerts avec une formation en trio. Des concerts très plaisants et très expérimentaux. Mais il vit à New York et donc nous n'avons pas l'occasion de le voir très souvent.
T.I.: A l'écoute de votre album «Exobiology» on découvre de courtes citations au fil des pièces. Comme par exemple des extraits de Yes pour «River of Genes», des Beatles pour When The Stars Were New (Eleanor Rigby) et de Hendrix pour Exobiology Part 2 (Third Stone From The Sun). Pour « Life Is No Matter» vous intégrez quelques extraits de Pink Floyd part (Echoes , On The Run). Est-ce pour le plaisir ou un clin d'oeil à ces groupes? Par contre je n'ai rien repérer à l'écoute de «Hybrid Hymn». Est-ce que j'ai manqué quelque chose? :-)
C'est simplement un clin d'oeil pour souligner toute l'admiration que j'ai pour leurs oeuvres! En ce qui concerne Hybrid Hymn, je répondrais oui et non. Il y a effectivement beaucoup moins de clin d'oeil et ils surviennent comme des coïncidences. Par exemple je dirais qu’il y a des traces de «Tales from Topographic Oceans » de Yes dans notre pièce «Data Mining».
T.I.: A l'écoute tout spécialement de «Exobiology » j'ai eu l'impression que vous avez un faible pour le jeu de Steve Hillage. Est-ce qu'il est un de vos guitaristes favoris et qu'est-ce que vous apprécié dans son jeu? Est-ce que d'autres guitaristes vous inspirent comme Steve Hillage?
Oui tout à fait. J'aime son jeu avec Gong ainsi que pour ses propres disques. Je trouve que son jeu est mélodique et ses sonorités sont savoureuses. C'est tout simplement réjouissant comme écoute. Son album en concert «Live Herald» paru sur Virgin en 1979 démontre à quel point c'est un musicien brillant. Je ai eu le grand plaisir de le voir en concert une couple de fois. Pour les autres guitaristes je dirais Jimi Hendrix, Ritchie Blackmore, Peter Banks , Steve Howe et Peter Green. J'aime aussi beaucoup écouter Django Reinhardt et Wes Montgomery.
T.I.: Quel serait votre album préféré de Professor Tip Top?
Le plus récent est très bon. Les chansons et la réalisation lui procurent une unité certaine. Il me semble qu'avec cet album le groupe a trouvé, bien défini son propre son. «Exobiology» est aussi bon. En fait j'ai des pièces préférées sur chaque album! Nous sommes très heureux de «Life is no Matter» et je pense que «Hybrid Hyms» se situe dans la même veine. Mais je pense que la direction, les arrangements sont plus reserrés. On a fait le focus. Paradoxalement c’est plus psychédélique...et plus stricte en même temps!
T.I.: On retrouve un calmar sur la pochette de «Hybrid Hymns» tout comme celle de «Life is no Matter». Pour quelle raison?
Je dois avouer que suite au visionnement d'un documentaire portant sur des études scientifiques en laboratoire sur le calmar nous avons été tout simplement fascinés par cette forme de vie. Les pieuvres et les calmars sont des créatures très intelligentes, pratiques, brillantes et c'en est un brin épeurant! Ils peuvent par exemple ouvrir des boîtes. C'est une forme biologique comme il n'y en a pas d'autres sur notre planète. Ils possèdent un code génétique très complexe et sans équivalent. Certains clament même qu'ils auraient une origine extra-terrestre! De toute façon ils représentent une forme de vie mystique, une autre forme d'être et de conscience. C'est un symbole. Ils vivent aussi dans les profondeurs des océans et c'est le symbole de la subconscience.
T.I.: A l’écoute de Hybrid Hymns j’ai tout de suite eu l’impression que c’est votre album le plus homogène en terme d’idendité sonore. Suis-je dans l’erreur?
Oui tu as raison. Nous avons intentionnellement voulu réaliser un album que l'on pourrait écouter comme une seule pièce, où toutes les pièces auraient une connexion sonore. C'était notre intention lorsque nous avons commencé la première pièce avec une lecture «académique» avec des questions sur les trous noirs en y ajoutant une boucle de synthétiseur crûe. Cette chanson s'est développée à partir de cela comme si vous écoutiez la radio et sombriez dans une rêverie d'une sieste d'après-midi. Cette rêverie se poursuit avec la seconde pièce «An Awkward Choice» et votre esprit commence à flotter. A la fin de la dernière pièce on retrouve la même lecture et les sonorités de science-fiction. Comme si vous reveniez à la réalité. Donc nous voulions intentionnellement créer un courant perçu de façon subconsciente. La pochette de l’album est aussi le reflet de cela.
Discographie:
- Aoum (2012)
- Are You Empirical? (2012)
- Exobiology (2016)
- Life is No Matter (2017)
- Hybrid Hymns (2019)