The Green Side of The Moon

En 2017, GREENWALL a lancé un disque dont le titre n'est pas une boutade, mais signale un hommage à l'album le plus emblématique du rock progressif des années 1970, sinon du rock tout court. The Green Side of the Moon est une œuvre généreuse – 16 morceaux pour 1 heure 19 min 40 sec en CD et 17 morceaux pour 1 heure 23 minutes 59 secondes en vinyle – et, s'il en est ainsi, c'est que, outre les morceaux de PINK FLOYD, il présente une pièce à la mémoire de Rick Wright et cinq reprises d'extraits d'Il Petalo del Fiore e le Altre Storie (1999).

GREENWALL, c'est Andrea Pavoni ( paroles et musique, pianos, Moog, synthés, batterie, percussions, programmation, chœur), Michela Botti (chant, chœur), Riccardo Sandri (guitares, chœur), Alfredo De Donno (orgue, claviers, chœur) et Fabio Ciliberti (basse)... et près d'un dizaine d'invités qui contribuent aux guitares et saxophones, au violon, à la flûte, la basse et la batterie. Avec tant de musiciens jouant d'instruments aussi variés, les reprises de The Dark Side of the Moon ne sont pas des copies conformes. Les nombreuses différences entre l'album original et la version de GREENWALL sont d'abord dans l'ordre des pièces et leurs durées.

Bien que les arrangements aient pu influer sur la durée de certaines pièces, j'ignore néanmoins ce qui a présidé à bousculer leur ordre initial. Cela dit, il faut compter aussi sur d'autres éléments qui métamorphosent la sonorité des pièces : entre autres, la voix principale est féminine, les instruments retenus pour les interprétations (notamment le violon et la flûte), les arrangements (classiques et à la Kurt Weil, mais aussi jazz, lounge, ballroom, etc.) et les rythmes choisis. Toutefois, malgré les (assez grandes) libertés qu'elle s'accorde, l'exécution de Italiens reste fidèle aux sources, en ce sens que les pièces sont toujours reconnaissables, même si elles peuvent intriguer, voire déstabiliser à la première écoute. Ce qu'a fait GREENWALL de l'album iconique de PINK FLOYD est aux antipodes des groupes hommage qui reproduisent exactement l'œuvre note pour note sur des instruments identiques : ici, il s'agit d'une relecture de The Dark Side of the Moon qui élargit considérablement la palette vocale et instrumentale... et le résultat illustre superbement combien la richesse de l'œuvre de PINK FLOYD peut être inspirante. Ce volet du disque s'achève sur le court instrumental « Prelude for Rick » (1:47) dans lequel, cela va de soi, claviers et piano occupent le devant de la scène.

Le second volet livre une réinterprétation des parties 3 à 6b de la suite Il Petalo del Fiore (les parties 1 à 2b ayant été réinterprétées sur l'album Zappa Zippa Zuppa Zeppa ! en 2014) ; il s'agit d'une réinterprétation, ou recréation, des pièces de 1999, car Pavoni est le seul survivant de la formation initiale de GREENWALL et que la variété des instruments est beaucoup plus grande cette fois. La chose s'imposait : l'album de 1999 souffrait d'une production médiocre. En gros, il s'agit d'excellent RPI fortement influencé par la musique classique de chambre, quoique le jazz et le rock ne soient pas dans l'ombre pour autant (de façon plus ou moins diffuse, on perçoit des échos de PINK FLOYD, CAMEL et même HARMONIUM). Le chant de Michela Botti joue encore un rôle essentiel dans le son du groupe. Enfin, cette brève incursion (25:31) dans l'univers d'Andrea Pavoni s'achève sur une autre somptueuse révérence à PINK FLOYD avec l'incontournable « Wish You Were Here ».

La générosité de GREENWALL ne se limite pas à la durée de l'enregistrement... car la pochette propose deux livrets : l'un pour The Green Side of the Moon, illustré à la manière d'Hipgnosis (c'est d'ailleurs à s'y méprendre !...), et l'autre pour l'intégrale d'Il Petalo del Fiore, avec de magnifiques illustrations de Marco Splendore, qu'on dirait extraites d'un dessin animé.