Static

Quatrième album studio paru sous le nom de Kerzner – les trois autres étant des variantes de New World (2014, 2015, 2016) –, Static offre enfin la chance de découvrir un pan différent de son univers... et ce n'est rien de moins qu'un opéra prog en deux instrumentaux (« Prelude » 0:39, « Statistic » 2:53) et 12 chansons, dont la dernière, « The Carnival of Modern Life » (16:52) compte cinq parties : « Welcome to the Carnival », « Freak Show », « High Noon », « Leave It All Behind » et « The Grand Finale (Look at Yourself) ». Le groupe de base de Kerzner (chant, chœur, claviers) est constitué de Fernando Perdomo (guitare, basse, batterie), Randy McStine (guitare, effets), Derek Clinton (batterie) et les sœurs Durga et Lorelei McBroom (chœur), en plus d'une brochette d'invités, dont Steve Hackett, Nick Mason, Colin Edwin (PORCUPINE TREE), Matt Dorsey (CIRCULINE), Alex Cromarty et Chris Johnson (MOSTLY AUTUMN), Nick D'Virgilio (SPOCK'S BEARD), etc.

Static est une mise en accusation virulente de l'état de la civilisation occidentale, États-Unis de Donald Trump en tête, ce que la pochette et le livret d'Ed Unitsky illustrent à merveille : êtres virtuels surréalistes dans un décor de foire grotesque. Comme parolier, Kerzner ne sécrète pas le vitriol de Roger Waters, ni même le venin de Neil Young, mais le réquisitoire socio-politique est clair et sans ambiguïté... bien que tempéré, sinon amorti, par sa façon même de chanter : Kerzner a une voix agréable, sans inflexions hargneuses ou rageuses. Le ton pamphlétaire est donc fourni par la musique, qui révèle ici et là des échos de PINK FLOYD, des BEATLES, de PORCUPINE TREE, de John Lennon et même Bryan Adams !... Même s'il est inégal, le résultat est percutant : le rythme est rock la plupart du temps, mais sans devenir heavy, car Kerzner préfère les textures riches plutôt qu'uniformes, comme le démontrent notamment les contributions de Perdomo, de McStine, des soeurs McBroom et de Hackett. En outre, en dépit de certains flottements, la durée de l'album (74 min 30 sec) ne me paraît pas excessive. Bref, Static s'écoute bien, vous fera taper du pied plus souvent qu'à votre tour... tout en démontrant que le rock progressif peut toujours être un véhicule de réflexions et d'aspirations aussi légitimes qu'urgentes.