Anthology 1968-1979

L'album est une compilation américaine d'un groupe hongrois légendaire : OMEGA est né au début des années 1960 et est toujours actif à l'heure actuelle ! Sur Anthology 1968-1979, OMEGA est composé à quelques exceptions près de Laszló Benkö (claviers, flûte, trompette, chant, chœur), l'excellent et charismatique János Kóbor (chant, chœur), József Laux ou Ferenc Debreczeni (batterie, percussions), Gábor Presser (claviers, chant, chœur), Tamás Mihály (basse, violoncelle, chant, chœur) et György Molnár (guitares). L'album compte deux disques – le premier sous-titré « The Beaty Sixties » et le second, « The Spacey Seventies » ; leur contenu est extrait d'une douzaine d'albums environ, les meilleurs de l'époque étant inclus dans leur intégralité ou presque, comme Time Robber (1976), Skyrover (1978) et Gammapolisz (1979).
Le premier cd (17 pièces/71 min 20 sec) contient surtout des chansons courtes qui sont pop à l'occasion, mais du genre qui ne se limite pas à trois accords et qui ne sacrifie pas tout non plus à la mécanique rythmique : chez OMEGA, peu importe le style, la mélodie est toujours au volant. La plupart sont surtout infusées de blues rock et de rock psychédélique inspirés de groupes influents de l'époque (ANIMALS, BEATLES, BIG BROTHER, BYRDS, CREAM, GRATEFUL DEAD, Hendrix, QUICKSILVER, ROLLING STONES, etc.), mais aussi de groupes qui sortaient des sentiers battus, comme MAGNA CARTA, MOODY BLUES et PINK FLOYD, auxquels se mêlent des accents folkloriques et classiques. À mes oreilles, les titres les plus représentatifs de l'évolution du groupe sont « Petroleum Lantern » (3:23), « Remembering » (3:27), « After a Hard Year » (5:37), « Nur ein Wort » (3:54), « 20th Century Town Dweller » (6:44), « 200 Years After the Last War » (5:31), « Just a Bloom » (4:54) et les merveilleuses mélodies quasi jumelles de « Schreib Es Mir in den Sand » (2:59) et, surtout, de « Pearls in Her Hair » (5:30) – je recommande la version hongroise, « Gyongyhaju láni » (7:14), sur YouTube.
Sur le second cd (14 pièces/72 min 13 sec), la plupart des chansons sont un peu plus élaborées et, surtout, la palette musicale est plus riche. L'influence qu'on perçoit le plus ici est celle de PINK FLOYD et, dans une moindre mesure, celles de DEEP PURPLE, ELOY, GENESIS, HAWKWIND, STRAWBS et les WHO. Le style dominant est le rock planant, souvent en majesté grâce aux claviers de Benkö et Presser, tandis que la guitare de Molnár conserve une touche plus psychédélique, voire blues rock, nourrie de Mike Bloomfield, DEREK & THE DOMINOES, John Lennon, STEPPENWOLF, Steven Stills, TEN YEARS AFTER. Selon moi, les chansons les plus représentatives du rock progressif d'OMEGA sont « House of Cards Part 1 » (5:47) et « Part 2 » (3:41), « Time Robber » (2:58), « Invitation » (5:42), « Don't Keep on Me Waiting » (7:22), « Late Night Show » (6:32), « Purple Lady » (4:43), « Gammapolis Part 1 » (4:06) et « Part 2 » (7:11) et « Silver Rain » (5:10).
Devant cette flopée d'influences, il ne faut pas conclure qu'OMEGA a imité plus qu'il n'a créé. Tous ces groupes étaient dans l'air du temps et, comme la Hongrie était derrière le Rideau de fer à l'époque, il était d'autant plus tentant pour les jeunes musiciens du pays de puiser leur inspiration dans ce qui révolutionnait la musique occidentale... en dépit des risques courus à cause de la censure communiste. Et c'est une des raisons pour lesquelles il est regrettable que cette compilation présente les versions anglaises et allemandes des chansons. La musique est la même, mais il lui manque son harmonie naturelle avec la langue hongroise pour laquelle elle a été composée.