Pour le groupe italien Sintonia Distorta le chemin a été long. Actif depuis 1995 le groupe a réalisé quelques démos avant de présenter en 2015 son tout premier essai « Frammenti D’Incanto». Un album qui lui a permis de rejoindre de nombreux amateurs de hard progressif… et d’intriguer un certain Fabio Zuffanti qui s’est retrouvé derrière la console lors des séances d’enregistrement de «A Piedi Nudi sull'Arcobaleno». Ce second album de Sintonia Distorta va être lancé le 29 février et le groupe viendra le présenter dans le cadre du festival Terra Incognita le 16 mai prochain. Le tout premier concert du groupe en Amérique du Nord!! Le chanteur Simone Pesatori nous raconte le parcours de Sintonia Distorta.
T.I. : Dans un premier temps pouvez-vous nous présenter les musiciens du groupe.
S.P. : Le groupe est aujourd’hui formé du claviériste Giampiero Manenti, du guitariste Claudio Marchiori, du flûtiste et saxophoniste Marco Miceli, du bassiste Fabio Tavazzi , du batteur Giovanni Zeffiro et de moi-même Simone Pesatori au chant. Fabio et moi sommes les membres fondateurs du groupe. Giampiero est avec nous depuis plus de dix ans et Claudio et Giovanni ont joint le groupe il y a deux ans alors que Marco l’a fait il y a un an.
T.I. : Quel a été le parcours du groupe lors de ses premières années d’existence?
S.P. : Sintonia est né en 1995, oh mon Dieu cela me semble tellement loin!, sous l’impulsion de Fabio et moi. Nous n’avions pas particulièrement d’ambition, et c’est toujours la même chose aujourd’hui!, mais nous partagions la même passion pour la musique et le rock en particulier. A nos débuts nous répétitions dans notre local et nous reprenions des pièces de groupes italiens et de groupes internationaux de rock et de hard rock. Puis nous avons rapidement senti le besoin de composer notre propre matériel et par la suite nous avons évolué vers le hard progressif. Sintonia est devenu un groupe hard progressif italien. Cependant nous voulons préciser quelque chose : être (ou ne pas être! Ahahaha!) au sein de Sintonia Distorta ce n’est pas seulement être dans un groupe... c’est quelque chose de plus! Sintonia Distorta est comme une famille pour nous et je pense que l’on peut dire que c’est grâce à cela, à notre passion et notre détermination si après 25 ans le groupe est encore là bien vivant et actif.
T.I. : J’ai l’impression que vous avez une solide connexion avec le prog métal. Est-ce que je suis dans l’erreur?
S.P. : A nos débuts nos premières interprétations étaient des chansons de Iron Maiden, Helloween, Metallica et du groupe italien Litfiba. Ce sont les groupes avec lesquels nous avions grandi et que que nous aimions le plus. Ils ont donc eu une importante influence sur notre façon de jouer et de présenter notre musique.
T.I. : Il devait y avoir d’autres groupes qui vous inspiraient aussi. Qu’ils soient rock ou prog, anglophones ou italiens?
S.P. : On peut nommer Genesis, Jethro Tull, Pink Floyd, Europe, Cream, Savatage et les groupes italiens Nomadi et Stadio. Quelques-uns d’entre nous n’avons découvert le rock progressif que tout récemment et ce en bonne partie grâce à Loris Furlan et sa maison de disques Lizard Records qui nous a introduit dans ce monde magique. Je peux notamment citer Le Orme, Banco Mutuo Soccorso, Biglietto per l’Inferno, Area, PFM, CAP (Consorzio Acqua Potabile) et Osanna
T.I. : Je pense que vous avez enregistré quelques démos entre 1998 et 2012. Parlez-nous de ces sessions d’enregistrement.
S.P. : Notre premier démo «…E fuori pioveva ancora» nous a procuré une grande satisfaction. Nous avions 20 ans et étions complètement inexpérimentés et immatures mais avec une telle volonté et une telle passion! Si l’on fait exception d’une parenthèse consacrée aux interprétations ce démo ainsi que le suivant sont des témoignages de notre évolution technique et musicale. C’était nos premières répétitions...quels beaux moments! Nous étions maladroits, agités et insécures, et nous le sommes encore aujourd’hui ahaha!, mais il y a quelque chose de spécial qui lie tous ces démos: ce sentiment que de faire partie de Sintonia Distorta est vraiment quelque chose de spécial pour nous!
T.I. : Dans quelles circonstances avez-vous enregistré « Frammenti d'incanto»?
S.P. : A la fin de 2013 nous avons envoyé les maquettes de «Anthemyiees» à Loris Furlan. Il a probablement entendu quelque chose d’intéressant à son écoute car nous avons commencé à collaborer ensemble. C’est quelque chose de très plaisant car, au-delà de la musique, Loris, comme il le dit souvent, accorde beaucoup d’importance au «facteur humain» et aux relations personnelles. Rencontrer Loris a été une grande chance pour nous parce que nous avons trouvé une maison de disques, ce qui était un rêve pour nous, mais aussi un ami! Après quelques rencontres préliminaires nous avons commencé à travailler sur les dix pièces de notre premier album officiel «Frammenti d’incanto». Cinq d’entre elles se retrouvaient sur Anthemyiees» et elles ont été réarrangées pour l’album. C’est Loris Furlan qui a agit en tant que directeur artistique.
T.I. : En écoutant cet album on a l’impression que le groupe est assis entre deux chaises : le métal et le prog. C’était intentionnel de votre part? Avec le recul quelle est votre perception de ce premier album?
S.P. : Comme je le disais tantôt ces deux «âmes», le prog et le métal, sont en nous. C’est le fruit de nos goûts personnels et de la musique avec laquelle nous avons grandi et que nous aimions le plus. Ces deux âmes illuminent naturellement nos chansons. Je pense que pour plusieurs musiciens, tout spécialement ceux qui sont un brin perfectionnistes comme nous et j’ai bien dit perfectionnistes et non pas parfaits! Ahahah la perception est toujours la même. A chaque fois que nous écoutons des enregistrements du passé nous trouvons quelque chose que nous aurions pu faire beaucoup mieux. Mais c’est notre premier album, un rêve qui est devenu réalité, et c’est une merveilleuse sensation que nous habitera à tout jamais!
T.I. : Dès la première écoute de votre second album «A Piedi Nudi sull'Arcobaleno» on se rend compte qu’il donne plus d’espace au rock progressif. Le fait que vous ayez travaillé avec Fabio Zuffanti, un des grands maîtres du progressif, peut-il expliquer, du moins en partie, ce petit virage ?
S.P. : Certainement! Tu as tout à fait raison Michel. Nos racines hard et heavy sont présentes mais les arrangements de notre second album sont plus près du progressif italien des années 70 que nous avons évidemment abordé d’une façon plus moderne. Et puis sur cet album on retrouve aussi la flûte et le saxophone de Marco. Notre premier album «Frammenti d’incanto» qui a été bien apprécié et ce autant par les fans que les chroniqueurs, était plus influencé par le sonorités hard et heavy des années 80 mais nous tenions à ce que notre second album soit partagé entre le heavy italien et le prog italien des années 70.
T.I. : Connaissiez-vous Fabio Zuffanti avant d’entreprendre les séances d’enregistrement? Je présume que Loris de votre maison de disque a joué un rôle dans cette association.
S.P. : Nous connaissions Fabio en tant que musicien grâce à sa notoriété en Italie comme à l’étranger. Mais nous ne le connaissions pas personnellement. Quelques mois après le lancement de «Frammenti d’incanto» j’ai fait parvenir à tout hasard un exemplaire du disque à Fabio. J’étais curieux d’avoir son opinion et peut-être même ses suggestions. Ça été une grande surprise pour nous tous de finalement avoir ses commentaires! J’ai raconté cela à Loris mais nous n’avons jamais imaginé que cela pourrait mener à quelque part… Cependant plus tard Loris nous a dit «Pourquoi vous ne prendriez pas contact avec Fabio Zuffanti pour lui demander s’il est disponible pour travailler avec vous sur votre second disque». Ce que nous avons faits. Fabio a accepté avec plaisir et c’est quelque chose dont nous sommes très fiers!
T.I. : Je présume que vous êtes satisfaits des séances d’enregistrements?
S.P. : Pour un amoureux de musique les séances d’enregistrements sont toujours quelque chose d’excitant. Mais cette fois avec l’aide et le support de Fabio Zuffanti... ça été quelque chose de vraiment spécial! Nous avons essayé d’assimiler et d’appliquer toutes ses suggestions. C’était excitant et stimulant. Fabio est très compétent et confiant. Mais il est aussi très humble et ouvert d’esprit. Ça été une expérience gratifiante et ce autant d’un point de vue technique que d’un point de vue professionnel. Les changements et les ajustements qu’il nous a proposé ont fait évoluer les pièces de façon significative durant le «mixage créatif» au studio Treehouse Lab où nous avons aussi enregistré l’album.
T.I. : Le titre de votre second album «A Piedi Nudi sull'Arcobaleno» a une signification particulière pour vous?
S.P. : C’est le titre de l’album et aussi d’une pièce. Donc deux différentes significations. La pièce «A piedi nudi sull’arcobaleno» raconte une histoire tragique, l’histoire d’un meurtre suivi d’un suicide. Nous avons tenté de limiter cet événement à une dimension plus «extra-terrestre». Nous avons imaginé les deux âmes marchant pieds nus, main dans la main, le long d’un merveilleux arc-en-ciel. Nous les avons imaginées libres. D’un autre côté le titre de l’album est relié à un autre concept qui raconte l’histoire d’une amitié.., d’un lien solide qui sera révélé à ceux qui vont écouter l’album..!