Arrivederci sogni

La Dottrina degli Opposti est un nouveau groupe, mais composé de musiciens aguerris. C'est le projet d'Andrea Lotti (paroles/musique, piano, claviers, guitares, mandoline, accordéon) ex La Coscienza di Zeno avec, à ses côtés, Gabriele Guidi Colombi (basse), lui aussi de La Coscienza, et deux membres d'Il Tempio delle clessidre, Paolo Tixi (batterie) et Francesco Ciapica (chant), auxquels s'ajoute un orchestre de 18 musiciens : cordes, vents (bois et cuivres), harpe et percussions. Les sept morceaux d'Arrivederci sogni, soit quatre instrumentaux – assez courts, le plus long étant « Sulla via del ritorno » (5:42) – et trois chansons, cumulent 39 min 58 sec. Une telle durée convient plus à un vinyle qu'à un CD... et il n'est pas surprenant qu'il en soit ainsi : à l'écoute du disque, on a immanquablement en tête des échos de groupes italiens des années 1970 qui fusionnaient musique classique orchestrale et rock progressif, comme NEW TROLLS (Concerto Grosso, 1971), LATTE E MIELE (Passio Secundum Mattheum, 1972) ou IL ROVESCIO DELLA MEDAGLIA (Contaminazione, 1973). Cela dit, la musique symphonique – qui se présente d'abord en musique de chambre dans « Equilibrio » (2:31) – de LA DOTTRINA relève d'un néo-romantisme suave et dynamique, mais parfois un peu sirupeux (« Dove dio dipinge le nuvole », 3:28), voire très impressionniste (« Quiete », 2:36), mais aussi de Satie, de l'Opéra de quat' sous ou de la bande sonore de film plus que de Vivaldi ou Bach. Néanmoins, on ne baigne pas toujours en eaux calmes, comme le donnent à entendre plusieurs passages vifs et dramatiques de « Sulla via del ritorno » ou « Nero, grigio e tu » (9:10), dans laquelle on retrouve l'excellente voix de Ciapica. La pièce de résistance, « Fra le dita » (11:09), ne s'annonce pas comme telle : intro au piano solo jusqu'à l'arrivée des cordes en glissando profond, puis Ciapica qui chante comme s'il s'agissait d'une comptine ou de quelque ritournelle fredonnée pour soi. Dans la troisième minute, le tempo grimpe de quelques crans et c'est parti : les horizons s'ouvrent, tout palpite, fébrile, mais empreint d'une certaine gravité que Ciapica souligne juste ce qu'il faut. Nouvelle rupture, rythme martial non dénué d'ironie sur lequel les accords de harpe étincellent, puis vents et cordes s'alanguissent, mais l'appel urgent de Ciapica secoue un peu la torpeur qui s'élève enfin comme un lent voile de brume sur le carillon final.
Arrivederci sogni offre une musique subtile (mais solide) qui naît d'un ensemble de touches très nuancées grâce au savant dosage des textures orchestrales ouvrées par les musiciens classiques, mais aussi à la précision et la retenue des instruments rock au sein desquels le chant de Ciapica s'insère avec une aisance et une chaleur toute d'élégance. Bref, du RPI moderne de première qualité.
Liste des pièces
1. Dove dio dipinge le nuvole (3:28)
2. Nero, grigio e tu (9:10)
3. Equilibrio (2:31)
4. Sulla via del ritorno (5:42)
5. La riconquista della posizione eretta (5:22)
6. Quiete (2:36)
7. Fra le dita (11:09)