Après avoir collaboré avec Fish pendant de nombreuses années le bassiste Steve Vantsis a senti le besoin de monter son propre projet. Après la publication d'un premier E.P. intitulé «Million Dollar Wound» sous le nom de Tilt le musicien s'est lancé avec ses complices Dave Stewart (batterie), Paul Humphreys (guitare) Robin Boult (guitare) et Paul Dourley (chant) dans la réalisation d'un premier véritable album. Avec l'aide d'invités comme John Beck (It Bites) et John Mitchell (It Bites, Arena, Kino) Steve Vantsis et ses complices ont travaillé plusieurs années sur ce premier véritable essai. Le bassiste nous parle avec beaucoup de plaisir de tout le processus qui a mené à la réalisation de «Hinterland».
T.I.: Pouvez-vous nous résumer votre parcours avant que vous ne joigniez le groupe de Fish?
S.V.: Et bien avant de joindre le groupe de Fish j'ai été impliqué dans le passé avec plusieurs artistes ou groupes qui étaient sous contrat avec des maisons de disques. J'ai travaillé avec plusieurs groupes comme Horse, River City People et KT Tunstall pour n'en nommer que quelques-uns. J'ai joué au sein de groupes à partir de 18 ans et je me suis fait les dents en jouant dans le circuit des pubs et des clubs en Écosse.
T.I.: Pouvez-vous nous parler de votre expérience de travail avec Fish?
S.V.: En 1997 j'ai contacté Fish après avoir entendu dire que le poste de bassiste dans son groupe était libre. Je lui serai éternellement reconnaissant d'avoir donné le poste à un musicien virtuellement inconnu! Il y a eu beaucoup, beaucoup de concerts et de tournées depuis et j'ai contribué à plusieurs enregistrements de Fish. Plus récemment j'ai été énormément impliqué dans l'écriture des deux derniers albums.
T.I.: Est-ce que c'est facile pour vous de composer pour un autre artiste? Vous devez composer des chansons qui ne sont pas nécessairement dans la veine de ce que vous composeriez pour vous.
S.V.: C'est vrai. Mais c'est très bon si vous voulez améliorer vos compétences en tant que compositeur parce que cela nécessite différentes approches. Et quelqu'un comme Fish est très exigeant et il sait exactement ce qu'il veut. Tu dois donc donner le meilleur de toi-même lors des séances d'écriture. Ce qui est étrange c'est que, à un certain niveau, la pression est pour ainsi dire nulle parce que c'est Fish qui décide ce qui fonctionne et de ce qui ne fonctionne pas. Par la suite c'est donc à toi de façonner la chanson en tenant compte de ses préférences. Lorsque tu composes pour toi-même il est parfois difficile de faire la part des choses. C'est donc une approche très différente. Fish ne joue d'aucun instrument de musique donc ça peut être un peu délicat lorsqu'au début tu essaies de déterminer la direction d'une chanson. J'ai découvert dans le processus qu'à partir du moment que tu as bouclé une ou deux chansons tu commences à comprendre ce qu'il recherche et tu peux isoler et enlever ce qui potentiellement risque de ne pas être retenu.
T.I.: Quelle a été l'étincelle qui a fait naître le projet Tilt?
S.V.: Après avoir complété l'écriture et l'enregistrement de «13th Star» en 2008 j'ai réalisé que j'avais encore des idées et j'ai continué à composer. Ces idées ont abouti et ces nouvelles pièces sont parues sur le E.P. «Million Dollar Wound» lancé en 2009. Je voulais simplement prendre la température de l'eau. J'ai aussi pensé qu'après avoir collaboré au fil des ans avec d'autres artistes ou groupes, c'était important de mettre mon nom sur un projet. Psychologiquement c'était pour moi un grand pas de sortir de l'ombre comme cela. Le E.P. est vraiment pour nous une façon de définir Tilt. On y retrouve différents styles et différents chanteurs. Je demeure très fier de ce E.P..
T.I.: Est-ce que vous aviez une idée bien précise de la direction musicale lorsque vous avez amorcé l'enregistrement de «Million Dollar Wound»?
S.V.: Pas vraiment mais je savais quelles étaient les influences à mettre de l'avant. Comme je le disais j'étais en train de me définir en tant que compositeur solo et tout ce processus était nécessaire pour moi pour en arriver à ce que nous avons réalisé avec «Hinterland». Il n'y avait pas de zones d'écartées. Pour commencer je voulais une palette la plus large possible. C'est après l'enregistrement et le lancement du E.P. que j'ai commencé à déterminer quelles étaient nos forces et nos faiblesses!
T.I.: J'imagine que vous avez voulu ouvrir un maximum de portes avec «Hinterland»?
S.V.: Évidemment. Tu essaies de faire de ton mieux pour ton «enfant». Il y a eu beaucoup de commentaires positifs et il a été très bien reçu. Nous n'avons jamais fait de tournée ou présenté de concert et nous devrions peut-être commencer à composer son successeur le plus tôt possible mais j'ai travaillé tellement fort sur la composition et les arrangements de «Hinterland», sans parler de toute la logistique entourant son lancement, que je pense que j'ai besoin d'une pause. Particulièrement parce que je n'ai pas pris de pause après avoir travaillé sur l’album «13th Star» de Fish sur lequel j'ai aussi travaillé énormément.
T.I.: Je présume que l'enregistrement de «Hinterland» vous a probablement aidé à définir votre approche musicale pour le prochain disque de Tilt?
S.V.: Possiblement mais je dirais aussi possiblement pas...! D'un côté disons que je ne verrais pas l'intérêt de réaliser un «Hinterland 2». Mais en même temps je pense que nous avons définitivement créé un son qui peut être associé à Tilt. Je considère qu'en soi c'est un exploit. Ça serait opter pour la facilité de capitaliser sur ce que nous pensons particulièrement efficace sur «Hinterland» et de le reproduire. Je ne suis pas certain que ce serait la meilleure approche pour moi ou pour le prochain album.
T.I.: Quelques invités ont contribué à «Hinterland». Je pense notamment à John Beck. Comment l'avez-vous connu?
S.V.: En faisant partie du groupe de Fish j'ai rencontré au fil des ans beaucoup d'excellents musiciens dont John qui est possiblement le meilleur claviériste avec qui j'ai pu jouer au sein du groupe. John s'est joint à nous pour la tournée «Feast of Consequences» et il s'est immédiatement intégré au groupe. Jeune j'étais un grand fan de It Bites et j'étais absolument excité à l'idée de travailler avec John. C'est un musicien brillant et accompli. Je suis très heureux d'avoir participé à des tournées avec lui. Une des personnes les plus sympathiques que j'ai jamais rencontrées. Nous avons eu plusieurs longues discussions de fin de soirée dans notre autobus de tournée. Ses influences musicales ne sont peut-être pas ce que vous pensez qu'elles sont!
T.I.: Quels sont vos projets en ce moment?
S.V.: Pour le court terme je donne la préséance à la promotion de «Hinterland». Nous avons eu d'excellentes réactions lors du lancement et nous pensons que c'est important de le faire connaître au plus de gens possible. Nous en sommes tous très fiers et nous pensons qu'il a un bon potentiel pour toucher plusieurs publics. Nous avons commencé à nous préparer à jouer sur scène. Ce qui nécessite tout un investissement en terme de temps. Nous ne voulons pas prendre la route avec un spectacle à moitié monté. Il y a donc beaucoup de choses à considérer et à organiser. Nous voulons jouer en concert et nous voulons jouer autant que ce sera possible de le faire. Nous avons un concert de prévu pour le mois de mars dans le cadre du festival Prog Dreams de Zoetermeer aux Pays-Bas mais nous espérons jouer bien avant cela!
T.I.: Avez-vous d'autres collaborations en vue?
S.V.: Il n'y a rien de planifié en ce moment mais je suis toujours ouvert à travailler avec d'autres artistes. Peu importe. Que ce soit en tant que compositeur, arrangeur, mixeur ou bassiste.
Discographie
Avec Fish :
- Raingods with Zippos (1999)
- Fellini Days (2001)
- Field of Crow (2004)
- 13th Star (2007)
- Feast of Consequences (2013)
Avec Tilt :
- Million Dollar Wound (2009)
- Hinterland (2016)