Jordsjo

Jordsjo est le duo norvégien formé de Hakon Oftung (guitares, basse, flûte, claviers et voix) et Kristian Frøland (batterie) qui nous a impressionnés avec le surprenant Jord (2017) que nous avons découvert au cours des derniers mois. Le style sombre trahit des origines scandinaves et nous rappelle souvent Anglagard sans doute un peu par présence de la flûte et aussi un peu par le jeu de guitare. Avant la parution de Jord, Jordsjo avait à son actif trois cassettes démos dont la troisième est partagée avec Breidablik, le projet de musique électronique de leur compatriote Morten Birkeland Nielsen.

Ce double CD éponyme qui vient de paraître regroupe l’intégral de ces trois cassettes (Jordsjo, Jordsjo II et la moitié de Songs From The Northern Wasteland) en plus des deux bonus tracks disponibles en téléchargement. On remarque d’abord que toutes les pièces sont créditées au multi-instrumentiste Hakon Oftung, que le batteur Kristian Frøland n’est pas toujours présent et que des musiciens invités apportent une contribution ponctuelle pour ne pas dire anecdotique. On comprend donc que Hakon Oftung était alors le seul maître à bord contrairement à aujourd’hui où les crédits sont partagés.

Bien que les débuts de Jordsjo soient récents, on constate quand même une évolution importante entre UK Original qui ouvre le premier CD et le matériel plus récent. L’intro au mellotron n’est pas sans rappeler Watcher of the Skies alors que l’orgue saturé qui suit nous plonge plutôt dans l’univers de Deep Purple ou Uriah Heep. Mais cette pièce est sans doute plus vieille que les autres même si Jordsjo avait tendance à piger un peu partout comme a pu le faire Anglagard sur Hybris. Ogion, par exemple fait penser à certaines parties acoustiques de Genesis alors que The Goddess (Of Light) a de fortes réminiscences du Lancelot des polonais de Ankh. Il y a même une incursion vers la musique électronique surtout à partir de la deuxième moitié de CD 2.

Malgré certaines imperfections, les compositions de Håkon Oftung se distinguent par une inspiration constante et une capacité à créer des mélodies qui sentent bon les années 70. La voix n’est pas toujours juste en début de parcours mais elle s’améliore au fil des titres. Sans atteindre le haut niveau de Jord, cette compilation vaut largement l’acquisition. En plus de nous donner accès à l’ensemble de l’œuvre pré-Jord, elle permet de donner une vue de l’évolution qu’a connue Jordsjo en seulement deux ans. Si le côté un peu gauche de UK Original peut faire sourire, on ne peut nier son intérêt. De plus, plusieurs compositions auraient été assez abouties pour figurer sur Jord. Certains pourraient être rebutés par la langue norvégienne mais je considère au contraire ce choix comme un atout. Assurément un groupe à suivre de près.