Scrape Across The Sky

Décidément, ce groupe anglais a une résistance à toute épreuve et n’a pas de cesse de nous surprendre. Né dans le terreau peu fertile des années 80s, le groupe a survécu à ces années ingrates où l’intérêt pour le rock progressif était en plein déclin. Avec la sortie de leur album «Ever» en 1993, IQ s’est imposé comme un des leaders du style. Depuis, tous ses disques ont connu énormément de succès. On le pensait donc à l’abri des difficultés, mais plusieurs événements survenus au cours de la dernière décennie sont venus ébranler cette forteresse du néo-progressif. En 2007, le claviériste Martin Orford a tiré sa révérence. Bien que plusieurs chroniqueurs prédisaient alors la fin prochaine du groupe, celui-ci s’est relevé et, avec l’aide d'un nouveau claviériste, Mark Westworth, a mis en marché en 2009 l'album «Frequency». La situation a été encore plus précaire en 2011 alors qu’on a assisté aux départs successifs de Andy Edward (batterie), de Mark Westworth (claviers) et de John Jowitt (basse). Mais encore une fois, IQ s’est relevé en réintégrant cette fois dans son alignement deux anciens membres, Paul Cook (batterie) et Tim Esau (basse), et en s’assurant les services d’un nouveau claviériste, Neil Durant. Le plus marquant dans cette histoire ce n’est pas seulement que le groupe ait survécu, mais qu’il ait réussi à mettre en marché l’album «The Road of Bones» en 2014, considéré le meilleur album du groupe selon plusieurs chroniqueurs. Je partage cet avis et lève très haut mon chapeau au guitariste Mike Holmes et au chanteur Peter Nicholls pour leur ténacité.

C’est lors de la tournée de promotion de ce dernier album qu’a eu lieu l’enregistrement de «Scrape Across The Sky», sixième produit visuel du groupe. Cet enregistrement a été effectué le 6 décembre 2014, dans la salle Boerderij (la ferme) de la ville hollandaise de Zoetermeer. Le concert présente l’intégrale de «The Road of Bones». C’est complété par six pièces provenant de divers albums, dont la superbe «The Seventh House».

Pour capter les images, on a eu recours à plusieurs caméras stationnaires disposées à des endroits stratégiques ainsi qu’à deux caméras mobiles. En plus de permettre une grande variété des images au montage, cette stratégie évite de capter les techniciens sur scène et de déranger les spectateurs. Vous apprécierez particulièrement les prises de vues provenant des caméras stationnaires orientées sur les claviers de Durant et sur la batterie de Cook.

Le montage est excellent. L’équilibre entre le changement des séquences est parfait. La sélection des prises de vues permet d’apprécier tout ce qui se passe sur la scène tout en nous gavant de prises de vues soutenues lors de solos. Certaines prises sont suffisamment longues pour nous permettre d’apprécier pleinement la performance des musiciens, mais pas trop pour nous en lasser.

Sur le plan visuel, on a disposé en arrière-scène trois écrans de taille moyenne sur lesquels sont projetés photos et vidéos tout au long du concert. Bien que l’on ait eu recours à l’utilisation de jeux de lumière pour ce concert, leurs effets sont toutefois amoindris en raison de l’utilisation quasi permanente de projecteurs blancs sur les musiciens.

Actuellement, le produit n’est offert qu’en format Blu-ray, dans son boîtier traditionnel bleu. En plus du concert qui dure près de deux heures, le disque contient plus de trois heures de matériel supplémentaire. On y retrouve les deux pièces exécutées en rappel, les projections utilisées durant le concert, une partie de la performance du groupe lors du Festival de Lorelei, un documentaire sur le design du disque «The Road of Bones» et une galerie de photos. De quoi satisfaire tout bon fan du groupe.